Ecoute-toi

Hier soir, nous avons donné des nouvelles aux parents via Skype. La question qui revient tout le temps est bien sur la date précise de mon trajet pour Bxl. Difficile à dire, je pense prendre la route le lundi et comme je n’ai pas la moindre idée du nombre d’heures que j’arriverai à conduire par jour, il y a de fortes chances pour que je mette 3 jours, peut-être même 4. Alors que les autres parents se contentent de l’info, ma mère ne peut pas s’empêcher de me dire que ce n’est pas du tout raisonnable, qu’elle n’approuve pas du tout, que ça ne va pas… Je ne lui ai rien demandé, mais j’ai quand même droit à son avis.

On a pourtant pesé le pour et le contre, j’ai imaginé comment découper le trajet de plusieurs manières différentes, j’ai pris en compte les heures de pointe pour éviter au maximum les embouteillages, je me sens bien, je sais que je dois m’arrêter au minimum 20 minutes toutes les 1h30-2h pour marcher et détendre mon dos (comme on le fait déjà depuis le début de la grossesse), que je pourrais devoir m’arrêter dans un hôtel plus tôt que prévu si ça ne va vraiment pas…

Voilà qu’elle a contaminé Futur Papa par son angoisse. « Et si vraiment c’était dangereux? » Je me sens piégée! Et après les doutes, je suis prise par la culpabilité. J’ai l’impression que ma mère nous a jeté un sort, comme si son angoisse nous avait contaminé alors qu’il y a plus de 1300 km entre nous. Je vais me coucher tant bien que mal en essayant de rassurer Futur Papa et en me disant que je peux me faire confiance, que je suis capable de prendre des décisions raisonnables pour moi et pour mon bébé.

Vers 4h du matin, je suis réveillée par un cauchemar, mais aussi par notre bébé. Il bougeait dans tous les sens et semblait très agité, lui qui est d’ordinaire calme la nuit. J’ai comme l’impression que le cauchemar n’est pas le mien mais celui de mon bébé. Une histoire de moi enceinte sur la route, où on doit affronter une immense tempête qui se transforme en ouragan. Une histoire rocambolesque où je risque nos vies à tous moments.

On dit qu’un bébé est viable à partir de 6 mois de grossesse, or on y est déjà. A quel point est-il alors pleinement conscient de tout ce que vit sa maman? A quel point est-il perméable aux tensions externes? J’ai vraiment l’intuition que les angoisses de ma mère ont atteint mon bébé. Pour le calmer cette nuit-là, j’ai mis mes mains sur mon ventre et j’ai fait de mon mieux pour le rassurer, en massant tout doucement mon ventre et en lui parlant intérieurement. Mais ça a mis du temps, notre Crevette chérie était vraiment agitée.

On a heureusement réussi à se rendormir tous les deux. Le réveil le lendemain fut un peu difficile, mais j’ai pris conscience du besoin vital de nous protéger, moi et mon bébé (et je devrais même y inclure mon mari) des pensées négatives des autres. Jusqu’à présent, j’ai généralement toujours eu une bonne intuition quand il s’agissait de moi, je sais que je peux vraiment me faire confiance. Alors je vais continuer à me dire que je suis une bonne mère, et que tant que je reste à l’écoute de mes besoins et de ceux de mon enfant il n’y a pas lieu de paniquer, peu importe ce qu’en pensent les autres… Inutile de nous laisser polluer par des pensées et des craintes qui ne nous appartiennent pas!

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