Bien que je suis toujours partie de l’idée que la vie faisait bien les choses, et que les épreuves que nous traversons ont une raison et un objectif, cela ne rend pas celles-ci moins difficiles à vivre pour autant. Pour ma part, la fin de semaine fut bien corsée…
Entourée de deux manipulateurs dans mon entourage proche, et alors que je pensais qu’une certaine confiance était à nouveau possible envers ces deux personnes, voilà que j’apprends au détour d’une conversation que le seul objet auquel je tienne réellement comme à la prunelle de mes yeux est en train « mine de rien » d’être confié à quelqu’un d’autre. Je n’ai pas du attendre la fin de l’explication pour sentir les larmes couler sur mes joues. Et une de ces deux personnes me tapoter gentiment sur le genou en me disant « allez, arrête de pleurer, ça va aller ». Pardon? Comment ça, « ça va aller »? Genre, c’est qu’un mauvais moment à passer, je finirai bien par accepter cette situation de la même manière que j’en ai accepté des centaines d’autres?? Genre, j’ai déjà laissé passer tellement de choses, je pourrai bien laisser passer celle-ci?? J’ai mordu sur ma chique le temps de terminer ce que j’avais à faire avec cette personne et je suis rentrée chez moi… pour m’effondrer sur mon lit.
La descente aux enfers ne fut pas longue… en 10 minutes à peine j’avais analysé la situation et compris ce qui était en train de se jouer. Si elles ont osé « jouer » avec cet objet en sachant le mal que cela me ferait, c’est que rien ne les arrêtera. Elles savaient parfaitement que cette décision m’irait très loin et c’est sans aucun scrupule qu’elles l’ont prise sans m’en parler. Oui mais… si elles sont capables de « ça », elles sont capables de tout. Et la prochaine fois qu’elles souhaitent m’atteindre et me blesser, ce n’est plus via les biens matériels qu’elles y arriveront… En fait, « l’étape suivante », c’est de s’en prendre à ceux qui me sont chers. Mes amis? Mon mari? Non, ils sont adultes, ont un certain discernement, ils ne se laisseront pas faire. Mais mon bébé…? Quid de notre Crevette qui grandit en moi?? Comment protéger cet enfant d’une partie de son environnement familial qui est toxique (voire dangereux)? Comment éviter que cet enfant ne se retrouver un jour seul en présence d’une de ces deux personnes? Comment éviter des phrases assassines telles que « oh mon pauvre loulou, t’as vraiment pas de chance d’avoir une si mauvaise mère » ou encore « m’enfin, comment est-ce que ta maman a pu … (te langer comme ça, te donner ça à manger, te raconter ça,…) »?
Et c’est là que la descente aux enfers commence… Je dis « descente aux enfers » parce que le sens de la vie et des choses a toujours été important pour moi. Hautement important. Et qu’à mesure que ces questions m’emportent dans une spirale infernale, l’idée de la mort approche de plus en plus près. « Pourquoi faire des enfants alors que le monde est déjà surpeuplé? Pourquoi faire des enfants alors que nous leur laissons une terre plus abîmée et polluée que ce que nous avons reçu de nos parents? Et dans mon cas en particulier, pourquoi donner vie à un enfant qui sera encore plus vulnérable que moi alors que je n’arrive déjà pas à me protéger moi-même de cet environnement toxique?? Est-ce vraiment un cadeau à lui faire que de lui donner la vie alors que certains ici bas sont capables de meurtres psychologiques envers d’autres?? » Sans parler des questions qui me viennent et qui sont liées à mon propre bien-être psychologique. « Qu’aie-je fait pour mériter une telle épreuve? Quel plaisir retirent-elles à me faire souffrir ainsi? Pourquoi cherchent-elles à me détruire? Et jusqu’où vont-elles aller? Jusqu’où vont-elles pousser le bouchon? Pourquoi la vie me fait-elle endurer ça? Peut-être que je le mérite… Peut-être que je n’arriverai jamais à me protéger d’elle… Peut-être que ma vie est vouée à être un enfer à cause d’elles… Mais alors pourquoi continuer à vivre…? »
Et voilà, nous y sommes… quand les blessures sont trop profondes, trop douloureuses, quand les moindres espoirs d’améliorations sont systématiquement réduits à néant, quand on se sent englué dans une situation et qu’on ne voit plus le bout du tunnel…
Heureusement, mon mari est rentré et a rapidement compris que ce que je traversais n’était pas une simple angoisse ou prise de tête habituelle. Je n’étais pas non plus juste déçue, triste ou en colère, je n’étais pas non plus en train de m’énerver « pour rien ». J’avais été touchée au seul endroit qui me reliait à la vie (avant de tomber enceinte), on avait touché au seul espoir auquel je m’étais accrochée toutes ces années d’adolescence et de jeune fille pour traverser les horreurs familiales autour de moi… on avait touché à cet objet qui représente tant pour moi.
Alors, vous aurez probablement envie de me répondre que je suis trop fragile, trop sensible, voire un peu dérangée. Je pense pouvoir dire après en avoir discuté avec divers « experts psycho- ou psychiatriques » que je suis simplement une jeune femme HP (et donc effectivement plutôt sensible, par définition) qui a grandit dans un environnement toxique, sans comprendre d’où venaient ces différences qu’elle ressentait vis-à-vis d’une partie du monde, avec la conviction (engendrée pour ne pas dire inculquée) que le problème c’était donc bien elle et uniquement elle, et la sensation que seule sa mort libérerait son entourage (et elle-même) de ce calvaire quasi-quotidien !
Pourquoi je vous raconte tout ça?
Parce que beaucoup ne comprennent pas qu’on puisse penser à la mort comme à une solution positive. Parce que le suicide est considéré comme un acte de lâcheté alors que je pense qu’il faut une sacré dose de courage pour passer à l’acte. Parce que l’entourage d’une personne qui met fin à ses jours se demande souvent ce qui a bien pu se passer dans sa tête pour en arriver là, et qu’on a rarement les réponses. Parce que certains « mélanges » peuvent être explosifs et, qu’en ce qui me concerne, « HP non-identifié + entourage manipulateur + emprisonnement psychologique » a bien déjà failli me couter la vie quand j’avais 20 ans. Parce qu’aujourd’hui, j’ai beau avoir découvert mon « HP-tude », ça ne rend pas mon environnement moins toxique pour autant et que c’est un travail de longue haleine que de maîtriser à la fois cette différence et un environnement toxique.
Et puis, parce que 48h après avoir fait cet aller-retour dans les ténèbres, j’ai retrouvé mon sourire et ma joie de vivre, et que j’avoue être désolée pour notre Crevette… car quand on est dans le ventre d’une maman qui fait ce genre de voyage, il / elle perçoit forcément une partie de ce qui se passe. J’espère juste de tout mon cœur qu’il / elle ne sera pas marqué à l’indélébile par ces moments de désespoir passagers que je pourrais vivre.