L’étiquette sociale des femmes enceintes…
Pourrait-on m’expliquer pourquoi à chaque fois que je croise une copine, j’ai droit à un « ohhhhhh, tu es tellement belle avec ton bidou, ça te va tellement bien! ». D’habitude, c’est plutôt « salut, quelles nouvelles? comment tu vas? ». Tout d’un coup, parce qu’on est enceinte, la société a décidé de nous coller l’étiquette du « t’es tellement belle! ». Ben oui, il parait que toutes les mamans enceintes sont belles, parce que c’est « tellement beau de porter la vie ». Et vous faîtes quoi avec les mamans pour lesquelles ça se passe pas bien? Qui sont au bout du rouleau, qui sont malades à n’en plus pouvoir? Celles pour qui leur grossesse est loin d’être une priorité, et les encombre plus qu’autre chose dans leur quotidien? Voire celles qui portent un enfant pas tout à fait désiré? Vous leur répondez quoi à celles-là? Pourquoi est-ce que vous leur rappelez leur état à chaque fois que c’est possible?
Personnellement, je ne me trouve pas plus belle qu’avant. J’ai mis des années avant d’arriver à accepter mon corps, des années de souffrance silencieuse pour perdre mon « petit ventre » et d’autres pour accepter les 2 derniers centimètres de graisse qui n’ont jamais voulu partir. Des années de combat avec la nourriture, des années de yoyo à tendance tantôt anorexique tantôt boulimique, des semaines de privation quand je voulais à tout prix rentrer dans une robe, des milliers de larmes versées quand je n’y arrivais pas, des centaines de déception envers moi-même et autant d’humiliation quand ma mère et ma soeur me disaient que si j’avais vraiment envie de maigrir « il suffisait d’un peu de volonté »… Des années d’efforts pour apprendre à me nourrir de manière plus ou moins équilibrée et des mois à accepter qu’un homme puisse m’aimer avec ce petit ventre.
Alors j’avoue, j’ai du mal avec ce « tu es tellement belle avec ton bidou ». Ce bidou, il est trop gros à mon goût. Et je le dis sans aucune colère. Aujourd’hui, pour m’en sortir psychologiquement, je me dis que ce ventre ne m’appartient plus vraiment. C’est la seule pensée qui me fasse du bien quand je vois mon corps aujourd’hui. Une manière de me dire que ce n’est plus « mon ventre », c’est celui de mon enfant. C’est un espace qui est à sa disposition pour grandir, en fait c’est un peu sa chambre pendant 9 mois. Mon ventre à moi, j’espère qu’il redeviendra le plus possible comme avant après l’accouchement. Douce illusion… je sais… mais l’espoir fait vivre ! Alors laissez-moi mes espoirs.