Parce que certaines phrases sont assassines envers une maman, et que l’estime qu’une maman peut avoir d’elle-même est précieuse en plus de nécessiter du temps pour se construire… je ne pouvais pas rester sans réagir.
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Chère Belle-Maman,
Bien que je sais que votre ennième monologue de l’autre soir partait (comme à chaque fois) d’une bonne intention, laissez-moi répondre à vos craintes et à vos reproches.
Depuis que votre petit-fils est né il y a un an et demi, j’ai donné tout ce que j’avais pour être la meilleure maman possible. Il est vrai que vous nous avez hébergés pendant 6 mois parce que nous attendions d’avoir la clef de notre appartement et la fin des rénovations. Je vous savais généreuse et j’ai été touchée par votre hospitalité. Mais permettez-moi de vous dire que les nombreux reproches que vous m’avez adressés pendant tout ce laps de temps étaient vraiment déplacés en plus d’être profondément blessants.
Devenir maman est un bouleversement pour chaque femme qui met un enfant au monde. Vous êtes passée par là, vous devez donc savoir de quoi je parle. Pour ma part, j’ai choisi de prendre le temps pour trouver mes repères avec l’arrivée dans ma vie de ce petit être à 100% dépendant de moi, jour et nuit. Je l’ai materné avec tout l’amour que j’arrivais à puiser en moi, je l’ai bercé, chouchouté et dorloté dans les pleurs et dans la joie. J’ai choisi de l’allaiter aussi longtemps que possible sur les nombreux conseils des professionnels de la petite enfance. J’ai stimulé son autonomie et sa curiosité malgré la fatigue et les contraintes, j’ai toujours cherché à comprendre ses besoins et à accompagner ses frustrations et émotions. Je tâche aussi de lui offrir une alimentation saine et diversifiée, et je me suis entourée de médecins compétents et de confiance…
Mais aujourd’hui je vous en veux pour vos bonnes intentions. Votre hospitalité ne vous autorise pas à interférer dans l’éducation que je donne à mon fils ou à remettre en cause les avis médicaux. Vous avez été maman il y a 50 ans, et beaucoup de choses ont changées en un demi-siècle.
Alors je refuse de me laisser juger et d’entendre que je suis une mauvaise mère, peu importe votre échelle de valeur ou vos références. Je n’ai pas « à rester chez moi pour mieux m’occuper de mon fils et de mon mari ». Si votre fils avait voulu une femme au foyer, croyez-moi il en aurait épousé une autre! Accessoirement votre petit-fils avait 13 mois quand j’ai repris le travail, j’estime avoir suffisament attendu avant de reprendre ma vie professionnelle! Et les personnes qui s’occupent de lui sont tout à fait compétentes, quoi que vous en pensiez.
Beaucoup de femmes travaillent aujourd’hui, et cela ne fait pas de moi une mauvaise mère! Je suis HP, j’ai un besoin vital de travailler. Je ne parle pas d’un boulot pour remplir le frigo, je parle d’un besoin vital de faire travailler mes neurones. Je dépéris sans nourriture intellectuelle! Et ce ne sont pas nos 10 bouquins sur la petite enfance qui suffisent à m’épanouir depuis un an et demi.
De même pour l’alimentation ou les médecins. Non, le sucre et le sel ne sont pas nécessaires pour un enfant d’un an. Et oui, les légumes au cuit-vapeur ont suffisament de goût pour un aussi jeune palais. Non, les yaourts industriels ne contiennent plus de probiotiques naturels. Et oui, on peut améliorer certains états de santé en modifiant son alimentation. Encore faut-il respecter les indications et prescriptions médicales pour que ça marche!
Je sais que vous vous êtes sacrifiée pour élever vos 6 enfants. Si ce ne fut pas vraiment votre choix, si vous vous êtes sentiez obligée de le faire, j’en suis navrée, d’autant plus que je pense que le métier auquel vous vous destiniez vous aurait bien convenu. Mais ce n’est pas une raison pour m’incriminer aujourd’hui de ne pas faire comme vous. Avoir un travail ne fait pas de moi une moins bonne mère, que du contraire. Avoir d’autres activités que l’éducation de mon fils au quotidien me permet de décompresser, de me changer les idées, d’échanger avec d’autres mamans. D’autant que votre petit-fils adore jouer avec d’autres enfants et il est très heureux de passer ses journées ailleurs qu’entre sa chambre et le salon.
Bien que je ne puisse que vous être reconnaissante pour votre aide et votre hospitalité ces derniers mois, rien ne vous autorise à critiquer aussi vertement la manière dont votre fils et moi éduquons notre enfant et menons à bien notre vie de famille. Vous avez fait de votre vie et avec vos enfants ce qu’il vous semblait bon de faire. Nous avons bien l’intention de faire pareil, avec ou sans votre consentement.
Alors oui, mon fils sera encore privé pendant de nombreux mois de chips, de chocolats et de boissons sucrées à la maison. Oui, je vais continuer ma vie professionnelle. Et oui, je demanderai à une babysitter de prendre le relais les soirs où je dois travailler pour faire décoller mon entreprise. Mais non, je n’ai aucune envie d’entendre votre avis sur les choix éducatifs que nous faisons pour notre enfant! Retenez seulement qu’en tant que maman, je sors les griffes quand on touche à ma famille!
Bien affectueusement
Sources et crédits: grazia.fr