La question empoissée « ça va? »

Avez-vous déjà compté le nombre de fois par jour où nous demandons « ça va? ». Généralement, on prononce ces mots à chaque fois qu’on croise une nouvelle personne dans la journée… « Hey salut, ça va? »

Et vous souvenez-vous de la dernière fois qu’on vous a répondu « non »?

La société dans laquelle nous vivons n’aime pas ceux qui se plaignent. De manière générale, il n’est pas bien vu de sortir de chez soi pour s’épancher sur nos problèmes. Parler de « difficulté », à la limite. Parler de « problème », non. On ne lave pas non plus son linge sale en public, on résout « ça » en famille. Pareil quand il s’agit de la vie professionnelle, qui oserait aller se plaindre de l’incompétence d’un collègue, voire de son boss.

Pourtant moi, quand on me demandait comment j’allais, je répondais. En toute sincérité. Il m’est bien sûr arrivé de ne pas avoir envie d’être franche et de me contenter d’un « oui oui » ou d’un « et toi? » quand ça n’allait pas. Mais quand la question m’était posée par une amie, je ne voyais pas où était le problème de répondre « non » ou « bof » quand c’était la vérité…

Car une des caractéristiques des HP, c’est de comprendre ce qu’on nous dit au pied de la lettre. Je croyais donc que quelqu’un qui me demandait « ça va? » souhaitait donc vraiment savoir comment j’allais.

Jusqu’à ce qu’on m’explique.

Que cette question peut n’être qu’une manière plus ou moins automatique de nous saluer. Qu’il arrive qu’on nous pose cette question par politesse, particulièrement si on est en plein cocktail mondain. Que personne n’aime les gens qui se plaignent. Que mentir à cette question ne pose aucun problème voire peut être apprécié selon la situation. Et que ce n’est pas parce qu’on nous pose la question que la personne est prête à entendre une réponse honnête et authentique.

Il aura fallu que le Grizzli m’explique ça en long et en large il y a quelques années, pour que je comprenne enfin pourquoi des amis que je ne voyais que de temps en temps me trouvaient rabat-joie ou pessimiste, alors que ceux que je fréquente quasi quotidiennement me disent souriante et positive…. Et ce n’est qu’encore plus tard, quand j’ai découvert fin 2013 que j’étais HP, que j’ai enfin compris pourquoi je n’entendais pas cette question de la même manière que les autres.

15 ans… ça m’a pris 15 ans pour résoudre le mystère de cette question et surtout pour comprendre comment y répondre en fonction de l’environnement dans lequel on me l’a posait.

J’aurais pourtant très bien compris si on m’avait simplement répondu « roh ben je suis désolée pour toi, mais je n’ai pas le temps / l’envie / la disponibilité pour t’écouter, mais accroche-toi, courage! ». J’aurais largement préféré ça comme réponse plutôt que de réaliser que mon interlocuteur cherchait une solution pour tourner les talons et aller discuter avec le voisin. Et moi de me retrouver seule en pleine soirée, à vivre un grand moment de solitude.

Alors si un jour quelqu’un que vous ne connaissez pas bien vous répond « non » à cette question, laissez-lui le bénéfice du doute. Si ça se trouve, cette personne est peut-être HP et elle s’est contentée de vous répondre honnêtement 😉

Sources et crédits: french.about.com